Chercheur : 
Roy-Lysencourt , Philippe

Établissement : 
Université Laval

Année de concours : 
2021-2022

Le projet consiste à étudier, dans une perspective internationale, l’histoire du catholicisme intransigeant du concile Vatican II (1962-1965) à 2012, c’est-à-dire jusqu’à l’échec d’une réconciliation de la Fraternité Saint-Pie-X (fondée par Mgr Lefebvre et fleur de lance du «mouvement») avec le Saint-Siège cette année-là.

Bien qu’elle ait fait l’objet de quelques travaux scientifiques depuis une cinquantaine d’années, essentiellement en Italie et en France, l’histoire du catholicisme intransigeant demeure inégalement connue et reste un point faible de l’historiographie religieuse contemporaine. L’historien et sociologue Émile Poulat, spécialiste de la question ? estimait que l’on pourrait faire une thèse « sur les déformations et incompréhensions qui résultent de cette lacune ». Il manque donc une étude scientifique et distanciée sur le sujet. C’est précisément ce que je propose de faire ici, sur une période précise, en étant convaincu qu’un tel travail sera une contribution majeure à l’histoire de la culture catholique contemporaine.

La période que je souhaite étudier commence avec le concile Vatican II, car cet événement ouvre une nouvelle ère au sein du monde catholique. Quant à l’histoire du catholicisme intransigeant postconciliaire, elle a connu durant cette période différentes phases qui sont liées au cheminement de l’histoire et aux différentes crises traversées par l’Église catholique. D’après mes recherches antérieures et mon enquête préliminaire, cette histoire a connu quatre périodes qui sont basées sur des événements et des dates qui générèrent des changements majeurs dans les rapports entre les intransigeants et l’Église catholique : 1) De la clôture du concile au manifeste de Mgr Lefebvre en 1974 (première opposition notable, mais pas de rupture formelle) ; 2) De ce manifeste aux sacres sans mandat pontifical de quatre évêques, réalisés en 1988 par Mgr Lefebvre et Mgr de Castro Mayer (ce qui ouvre une rupture formelle) ; 3) Des sacres de 1988 à l’an 2000 (reprise des discussions avec Rome) ; 4) De la tentative de réintégration dans l’Église de la Fraternité Saint Pie X, de l’an 2000 à 2012.

Dans ce projet historique, nous porterons une attention particulière aux aspects suivants : au phénomène considéré en lui-même, dans ses dimensions sociale, culturelle, psychologique et religieuse ; aux données théologiques du phénomène (ex. rapport à la Tradition, liturgie, antijudaïsme, etc.) ; au rapport à la Révolution française (selon les aires géographiques) et au monde qui en est issu ; aux filiations idéologiques ; aux réseaux nationaux et internationaux ; à la réception de Vatican II et du magistère postconciliaire ; à la position des intransigeants traditionalistes par rapport à l’Église catholique ; aux liens avec les mouvements politiques ; aux combats politiques et sociétaux ; à l’évolution du phénomène (différentes étapes, normalisation en cours et tensions qu’elle engendre).

La diffusion de ces résultats se fera d’abord par l’organisation d’un colloque international lors de la session d’hiver 2023. Par ailleurs, je compte publier une bibliographie sur le catholicisme intransigeant, les actes du colloque, ainsi qu’un article de synthèse en anglais sur l’histoire du catholicisme intransigeant du concile Vatican II à nos jours.