Mot de la directrice scientifique

40 ans déjà que « nos recherches changent le monde ». 40 ans que les sciences sociales et humaines, les arts et les lettres, à travers le FRQSC, contribuent à approfondir la réflexion et à étendre les connaissances dans des domaines qui ont façonné la culture et modifié le tissu social. Au cours de ces quarante années, ces recherches ont contribué à faire émerger de nouvelles disciplines, à développer des approches et des méthodologies permettant de définir avec plus de finesse les objets d’étude et à élargir les perspectives. Elles ont aussi introduit d’autres façons de faire et ont été porteuses d’innombrables innovations sociales. La complexité et la pertinence des questions et des idées que le monde de la recherche et la société civile formulent maintenant découlent en grande partie de la curiosité, de la profondeur de vue et des débats qui ont animé notre communauté de recherche.

Les avancées récentes de l’intelligence artificielle, l’impact des médias sociaux, et les défis environnementaux et sociaux confirment la nécessité, voire l’urgence, des recherches menées dans nos domaines. Et si les retombées ne sont pas toujours mesurables et tangibles dans l’immédiat — elles se manifestent parfois 20 ans plus tard — elles ne sont pas moins déterminantes, car elles contribuent à la sédimentation des savoirs qui enrichissent les approches et les solutions.

Le 40e anniversaire est l’occasion d’exprimer notre reconnaissance et notre admiration à l’égard des femmes et des hommes qui ont constitué cette communauté de recherche et qui ont participé à la rendre agile et percutante. Le milieu de la recherche a aussi exercé un rôle décisif sur la formation de la relève, cultivant la curiosité et le sens de l’engagement de plus de deux générations étudiantes. Je tiens aussi à saluer le travail remarquable des nombreuses personnes qui ont œuvré au Fonds pour en faire ce qu’il est devenu : une institution au centre de l’écosystème de la recherche au Québec.

Louise Poissant

Colloque à venir : Nos recherches changent le monde

Visant à souligner 40 années de recherches en sciences sociales et humaines, en arts et en lettres, le colloque Nos recherches changent le monde, organisé en collaboration avec le Centre national de la recherche scientifique, a été reporté en raison de la crise sanitaire. Demeurez à l’affût de nos communications pour en connaître la date.

Les grandes lignes de l’origine du FRQSC

Le 40e anniversaire du Fonds de recherche du Québec — Société et culture (FRQSC) est l’occasion de retracer son histoire et de rendre hommage à ceux et celles qui ont contribué à son développement. Le 8 août 1979 fut créé le Conseil québécois de la recherche sociale qui est devenu le FRQSC en 2001. L’année 2019 souligne ainsi 40 ans de développement et de soutien à la recherche dans les secteurs des sciences sociales et humaines, des arts et des lettres (SSHAL).

Pour mieux comprendre ses origines, rappelons le contexte des années précédant sa fondation. Au cours des années 60, les principaux pays industrialisés se dotent de politiques visant à stimuler la recherche scientifique. Alors que le Canada se met au diapason, la communauté scientifique québécoise revendique aussi le financement gouvernemental de la recherche. En 1970, le ministère de l’Éducation met en place le programme Formation de chercheurs et action concertée (FCAC) qui financera des projets, la formation d’étudiants et étudiantes, et structurera des équipes de recherche universitaires dans toutes les disciplines à l’exception des sciences de la santé déjà couvertes par le Conseil des recherches médicales du Québec (CRMQ) depuis 1964.

En août 1979, on assiste à la création d’un organisme de financement axé exclusivement sur la recherche sociale et humaine, le Conseil québécois de la recherche sociale (CQRS). Ce Conseil soutient la recherche visant les milieux de pratique avec une préoccupation pour le transfert des connaissances. Dans les années 90, il fera de la Politique de la santé et du bien-être son cadre de référence. Parallèlement, le programme FCAC devient le Fonds FCAC en 1981, puis le Fonds pour la formation des chercheurs et l’aide à la recherche (Fonds FCAR) en 1983 et couvre principalement les secteurs des sciences naturelles et du génie, des sciences humaines et sociales, des arts et lettres. Notons que le financement des sciences de la santé provient essentiellement du CRMQ qui devient en 1974 le Conseil de la recherche en santé du Québec puis le Fonds de la recherche en santé du Québec (FRSQ) en 1983.

Dans le cadre de la Politique québécoise de la recherche et de l’innovation de 2001, on assistera à une refonte des organismes de financement de la recherche. Le CQRS et le Fonds FCAR seront abolis et le Fonds québécois de la recherche sur la société et la culture (FQRSC) et le Fonds québécois de la recherche sur la nature et la technologie (FQRNT) seront créés, alors que le FRSQ demeure. Le redécoupage des secteurs couverts par le FRSQ, le FQRSC et le FQRNT s’inspire de ce que l’on retrouve au niveau fédéral. Cependant, les Fonds seront définis non plus par disciplines, mais par grands domaines de recherche afin de favoriser la recherche multidisciplinaire. Ainsi, la très grande part des responsabilités du CQRS sera transférée au FQRSC ainsi que les responsabilités en lien avec la recherche en SSHAL qui étaient au Fonds FCAR. On définit alors les champs de compétences du FQRSC par 13 domaines de recherche.

Enfin, en 2011, les trois Fonds subventionnaires du Québec — Nature et technologies, Santé, et Société et culture — ont été regroupés sous la bannière Fonds de recherche du Québec (FRQ) afin de constituer une direction forte en matière de soutien et de promotion de la recherche québécoise, et d’accroître les synergies et les partenariats entre les différents secteurs de recherche pour répondre aux grands défis du XXIe siècle auxquels le Québec doit faire face. Au même moment, les trois Fonds sont placés sous l’autorité du scientifique en chef qui préside chacun des conseils d’administration, dont celui du FRQSC.

Bref rappel historique des orientations politiques qui ont encadré l’évolution du FRQSC

1964 – Création du ministère de l’Éducation

La Commission d’enquête sur l’enseignement dans la province de Québec, créée au printemps 1961, remet la première tranche de son rapport le 22 avril 1963 (le Rapport Parent). Les commissaires recommandent la création d’un ministère de l’Éducation et d’un organisme consultatif, le Conseil supérieur de l’éducation. Le projet de loi est adopté avec de légères modifications en février et sanctionné le 19 mars.

1967 – Création des cégeps

La loi créant les cégeps est votée à l’unanimité et sanctionnée le 29 juin 1967. Les douze premiers établissements accueillent gratuitement leurs premiers étudiants dès la rentrée de l’automne, dans les locaux de collèges classiques cédés à l’État. En trois ans, le nombre de jeunes poursuivant des études collégiales passe de 18 000 à 70 000. Répartis sur l’ensemble du territoire, les 48 cégeps constituent un important facteur de développement régional.

1968 – Création de l’Université du Québec

La Loi 88, sanctionnée le 18 décembre 1968, permet de créer des Universités du Québec à Montréal (UQAM), Trois-Rivières (UQTR) et Chicoutimi (UQAC). Plus tard s’ajouteront celles de Rimouski (1969), Hull (1981) et Rouyn-Noranda (1983). De plus, le réseau comprend aussi dès 1969 l’École nationale d’administration publique (ENAP) et l’Institut national de la recherche scientifique (INRS), puis, en 1972, la Télé-université qui deviendra la TÉLUQ, et en 1974, l’École de technologie supérieure (ETS). Chacune des universités constituantes possède une personnalité juridique autonome, son propre plan de développement, ses orientations spécifiques et son budget.

1970 – Création du ministère des Affaires sociales

L’entrée en vigueur de la Loi du ministère des Affaires sociales consacre la création de ce ministère à partir de la fusion du ministère de la Famille et du Bien-être et du ministère de la Santé. En réorganisant de la sorte son appareil administratif, le gouvernement libéral souhaite implanter un système intégré, coordonné et décentralisé de soins de santé et de services sociaux.

1970 – Création du programme Formation de chercheurs et action concertée (FCAC)

Mis en place par le ministère de l’Éducation, l’objectif de ce programme était d’améliorer la représentativité des chercheurs québécois aux concours nationaux en finançant des projets sélectionnés par un comité de pairs et en structurant des équipes de recherche universitaires, et ce, dans toutes les disciplines à l’exception des sciences de la santé.

1971 : Diffusion du rapport Les principes de la politique scientifique du Québec

Le Premier Ministre annonçait, le 24 mars 1971, la création du Comité des politiques scientifiques du Québec. Chargé par le Conseil des ministres de définir une politique scientifique pour le Québec, le Comité a établi dans un premier temps les principes dont le Gouvernement va s’inspirer dans ce domaine. Il a aussi formulé des objectifs généraux et il a indiqué les caractéristiques importantes d’une telle politique. Le Gouvernement du Québec prendra la part de responsabilité qui lui incombe. Les structures qu’il a établies permettront aussi aux universités et au secteur privé de devenir ses collaborateurs.

1979 – Diffusion Pour une politique québécoise de la recherche scientifique

Après avoir fait le point sur la situation actuelle de la recherche scientifique au Québec, ce livre vert présente les orientations et les défis de relance que le gouvernement veut soumettre à la discussion publique. Trois chapitres examinent ensuite la situation et les problèmes propres aux secteurs gouvernemental, universitaire et industriel de la recherche scientifique. Un dernier chapitre traite de questions d’ensemble.

1979 – Création du Conseil québécois de la recherche sociale

Le Conseil québécois de la recherche sociale est un organisme subventionnaire qui a pour mandat de contribuer à l’amélioration de la santé et du bien-être de la population du Québec par la recherche en sciences sociales et humaines, par le perfectionnement des chercheurs et chercheuses et par le transfert des connaissances.

1980 – Diffusion Un projet collectif : énoncé d’orientations et plan d’action pour la mise en œuvre d’une politique québécoise de la recherche

La démocratisation des sciences est l’orientation globale de ce livre blanc qui propose de préciser la place de la recherche dans la collectivité en arrimage au développement économique, social et culturel. Il énonce un ensemble de mesures pour favoriser la discussion publique, la diffusion de la culture scientifique et technique et le développement des ressources humaines en recherche.

1981 – Création du Fonds Formation de chercheurs et action concertée

Le programme Formation de chercheurs et action concertée connait un tel succès qu’il est transformé en un organisme autonome, le fonds FCAC, pour l’aide et le soutien à la recherche.

1982 – Diffusion de l’énoncé Bâtir le Québec : Le virage technologique

La phase II de l’énoncé de politique économique Bâtir le Québec est publiée en 1982 et s’intitule Le Virage technologique. Dans ce document, le gouvernement réitère son adhésion au principe de la concertation. De plus, on y explique qu’il faut miser sur l’introduction et le développement des nouvelles technologies pour permettre au Québec de sortir de la crise économique.

1983 – Création du Fonds pour la formation des chercheurs et l’aide à la recherche (Fonds FCAR)

Le Fonds pour la formation des chercheurs et l’aide à la recherche (Fonds FCAR) prend la relève du Fonds Formation de chercheurs et Actions concertées, créé au début des années 80, et couvre les secteurs des sciences naturelles et du génie, des sciences humaines et sociales, des arts et lettres et des sciences de la santé.

1983 – Projet de loi 19 favorisant le développement scientifique et technologique du Québec

1985 – Le ministère des Affaires sociales devient le ministère de la Santé et des Services sociaux

Le ministère de la Santé et des Services sociaux, autrefois nommé ministère des Affaires sociales, a été créé le 20 juin 1985. Le Ministère a pour mission de maintenir, d’améliorer et de restaurer la santé et le bien-être des Québécoises et des Québécois en rendant accessibles un ensemble de services de santé et de services sociaux, intégrés et de qualité, contribuant ainsi au développement social et économique du Québec. En fonction de sa mission, le rôle premier du Ministère est de voir au bon fonctionnement du système de santé et de services sociaux du Québec. Dans une perspective d’amélioration de la santé et du bien-être de la population, il détermine les priorités, les objectifs et les orientations dans le domaine de la santé et des services sociaux et veille à leur application.

1992 – Dépôt de La Politique de santé et de bien-être

La politique propose dix-neuf objectifs afin de réduire les problèmes de santé et les problèmes sociaux qui affectent le plus la population. Ces objectifs de résultat obligent à choisir les moyens et les stratégies d’action les plus efficaces au sein du système de santé et de services sociaux. Ils associent un ensemble d’actions des autres secteurs d’activité de la vie collective.

1993 – Adoption de la nouvelle Loi sur les services de santé et les services sociaux

1999 – Création du ministère de la Recherche, de la Science et de la Technologie du Québec

2001 – Lancement de la Politique québécoise de la science et de l’innovation Savoir changer le monde

La Politique québécoise de la science et de l’innovation, Savoir changer le monde, s’inscrit dans des perspectives que dictent les exigences de la société du savoir aujourd’hui en voie d’élaboration et à laquelle le Québec entend participer pleinement. Avec une intensité de plus en plus marquée, la recherche et l’innovation constituent les assises qui sous-tendent notre qualité de vie, notre croissance économique, notre progrès social et notre enrichissement culturel.

2001 – Refonte des organismes subventionnaires

Afin de mieux tenir compte des réalités nouvelles qui marquent le développement de la recherche et déterminent l’évolution de ses modes d’organisation, le système québécois de la recherche doit adapter ses stratégies de soutien, de développement et de valorisation de la recherche. Sa contribution plus efficace à l’amélioration de la santé, au développement économique et social et à l’épanouissement des arts et de la culture, tout cela dans une perspective de développement durable, nécessite une répartition plus appropriée des responsabilités confiées aux organismes subventionnaires et la révision de leurs mandats en conséquence.

2005 – Le FRQS et les deux autres Fonds de recherche du Québec relèvent du ministère du Développement économique, de l’Innovation et de l’Exportation (MDEIE)

2006 – Lancement de la Stratégie québécoise de la recherche et de l’innovation 2007-2010 Un Québec innovant et prospère

La stratégie québécoise de la recherche et de l’innovation a été élaborée en prenant appui sur les avis fournis par les divers intervenants du secteur, dont ceux émis par le Conseil des partenaires de l’innovation. Ce conseil, formé de vingt représentants des universités, des collèges, des entreprises et des régions, a exercé une influence marquée sur le choix des orientations et des priorités de la stratégie. La stratégie identifie les défis qui doivent impérativement être relevés ainsi que les mesures requises pour optimiser les retombées sur l’économie et l’emploi des investissements consentis en recherche et en innovation.

2010 – Lancement de la Stratégie québécoise de la recherche et de l’innovation 2010-2013 Mobiliser innover, prospérer

La vision de la Stratégie québécoise de la recherche et de l’innovation (SQRI) 2010-2013 s’inscrit dans la continuité de la première stratégie. Elle est le résultat d’un exercice réfléchi de priorisation, qui cherche ainsi à maximiser les retombées économiques et sociales des investissements du gouvernement du Québec.

2011 – Adoption du projet de loi 130 (refonte des organismes subventionnaires)

La Loi regroupe les trois organismes subventionnaires sous la bannière Fonds de recherche du Québec. De ce fait, elle « institue la charge de scientifique en chef, qui agira comme président du conseil d’administration de chacun des trois fonds de soutien à la recherche institués en vertu de la Loi sur le ministère du Développement économique, de l’Innovation et de l’Exportation et qui aura notamment pour fonctions d’assurer la coordination des enjeux communs aux trois fonds et de conseiller le ministre en matière de développement de la recherche et de la science; la loi prévoit également, pour chaque fonds, la nomination d’un directeur scientifique.

2013 – Lancement de la Politique nationale de la recherche et de l’innovation 2014-2019 Investir dans la recherche et l’innovation, c’est investir dans le Québec

La PNRI, c’est l’affirmation de l’importance des entreprises d’ici en matière de développement économique et de création d’emplois. C’est aussi le regroupement des forces vives de la recherche et de l’innovation pour relever les défis qui sont à nos portes sur les plans démographique, environnemental et identitaire.

2017 – Lancement de la Stratégie québécoise de la recherche et de l’innovation 2017-2022 Oser, innover

Avec la Stratégie québécoise de la recherche et de l’innovation (SQRI) 2017-2022, le gouvernement entend figurer parmi les principaux leaders de l’Organisation de coopération de développement économique (OCDE) en matière de recherche et d’Innovation d’ici 2022. La stratégie vise trois grands objectifs : développer les talents, les compétences et la relève ; accroître la capacité de recherche et soutenir l’innovation sous toutes ses formes ; accélérer et amplifier le transfert et la commercialisation des innovations.